Jordi CABOT – Espagne
IMT Atlantique
« Depuis que je suis en France à l’IMT Atlantique et par rapport à mon expérience à Barcelone ou au Canada, ce qui me frappe c’est l’écosystème autour de Nantes. Je suis très impressionné et surpris, la communauté autour de notre domaine de recherche est très riche et dynamique : pour faire de la recherche, c’est fantastique ! »
Jordi CABOT – Espagne
Originaire de Barcelone, Jordi Cabot fait un doctorat en informatique à l’Université catalane de Barcelone puis part à Toronto au Canada en 2008 pour un post doc pendant 2 ans. En 2010, après une étude des propositions à l’échelle mondiale, il choisit l’Ecole des Mines de Nantes (aujourd’hui l’IMT Atlantique) où il va remplacer Jean Bézivin, partant à la retraite, à la tête d’Atlanmod. Il est titulaire d’une chaire EMN (Ecole des Mines de Nantes) – INRIA. Il dirige aujourd’hui une équipe de 14 personnes.
Vous êtes à la tête de l’équipe projet AtlanMod : en quoi consistent vos recherches ?
L’objectif de nos recherches est de créer et d’utiliser des modèles pour améliorer le développement de logiciels et les rendre plus efficaces. Nous travaillons sur trois axes principaux de recherche : le 1er c’est la modernisation de logiciel afin d’en améliorer la productivité et l’efficacité, à partir d’un logiciel existant et d’une manière automatisée. Le 2ème axe est de travailler à l’amélioration de la qualité des modèles et nous avons, pour ce faire, développé une technologie dédiée. Le 3ème axe est le passage à l’échelle afin de passer des prototypes de laboratoire à la réalité industrielle.
Concrètement, vos recherches débouchent sur quelles collaborations ?
Nous travaillons essentiellement pour des entreprises ou des grands groupes dans le domaine de l’ingénierie en informatique pour les aider à construire des solutions pour des clients tels que les banques, les assurances, les industriels de l’aéronautique…
La plupart du temps nous ne sommes pas directement en contact avec les utilisateurs finaux mais avec les sociétés informatiques, comme Mia-Software, Obeo, Capgemini, pour les aider à améliorer leur technique et à trouver des solutions plus efficaces.
Pouvez-vous me donner un exemple ?
Si l’on prend l’exemple des banques ou des assurances, elles ont de très gros logiciels qui gèrent leurs différents métiers. Ceux-ci sont souvent assez anciens et critiques pour eux et ils ont besoin de pouvoir les améliorer en appliquant une technologie plus récente. Nous essayons d’automatiser au maximum la modernisation de leur patrimoine applicatif afin de réduire les coûts et les délais de migration.
Comment se situe votre équipe au niveau international ?
Presque toutes les grandes équipes qui travaillent sur l’ingénierie des modèles se trouvent en Europe : Angleterre, Espagne, Italie et France. Nous nous positionnons parmi les 10 meilleures équipes au monde. Le plus difficile est de maintenir notre niveau. A Nantes, nous avons une véritable opportunité de créer un écosystème de référence dans le domaine de l’ingénierie des modèles. Certaines autres équipes sont plus importantes en terme d’effectifs mais n’ont pas l’écosystème que nous avons la chance d’avoir à Nantes.
Quelle est votre ambition et qu’attendez-vous de votre équipe ?
Je suis responsable d’une équipe de 14 personnes. Mon ambition est de consolider cette équipe et d’obtenir une reconnaissance accrue à l’international. Elle doit devenir la meilleure en ingénierie des modèles. J’ai eu la chance de trouver une équipe jeune (entre 25 et 35 ans), dynamique et conviviale et je cherche à entretenir cette ambiance. Dans mon équipe il y a 8 nationalités différentes avec des cultures diversifiées (Allemagne, Espagne, France, Italie, Colombie, Brésil, Indonésie, Inde…) : c’est à la fois très riche et compliqué à gérer !
Je souhaiterais recruter d’autres chercheurs nantais mais c’est difficile car être chercheur n’attire plus vraiment les jeunes, ils préfèrent souvent aller en entreprise avec l’espoir de pouvoir gagner plus d’argent.
Que retenez-vous de votre expérience de chercheur ?
Depuis que je suis en France à l’IMT Atlantique et par rapport à mon expérience à Barcelone ou au Canada, ce qui me frappe c’est l’écosystème autour de Nantes. Je suis très impressionné et surpris, la communauté autour de notre domaine de recherche est très riche et dynamique : pour faire de la recherche, c’est fantastique !
Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui et comment voyez-vous l’avenir de la recherche ?
Ma motivation tient aux résultats obtenus. C’est très satisfaisant de voir que nos travaux ont une utilité pratique. Et c’est encourageant de savoir que des personnes vont avoir leur travail simplifié grâce au nôtre !
En revanche, je suis obligé de publier beaucoup puisque la recherche française est basée et reconnue grâce au nombre de publications. L’Etat devrait prendre en compte le travail de valorisation industrielle des chercheurs et les résultats obtenus en collaboration avec les entreprises. L’impact réel ce n’est pas le nombre de papiers mais plutôt les collaborations et projets avec les entreprises.